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BUR, artiste peintre lyonnais
Aujourd’hui, Blog In Lyon vous propose de découvrir l’interview d’Arthur Millot, aussi connu sous le nom BUR, un jeune artiste lyonnais au parcours atypique et riche d’enseignements.
Ce canut de naissance, que sa passion pour l’ovalie poussera à passer une grande partie de son adolescence sur les terrains de rugby, est aujourd’hui une valeur montante de la scène artistique locale. Si une mauvaise blessure l’a définitivement éloigné des terrains, son amour du ballon ovale transparait encore à chaque instant, et désormais, c’est avec les formes et les couleurs qu’il s’exprime et nous fait partager sa vision du monde.
Si les sujets qu’il aborde dans ses œuvres sont vastes, Lyon et l’amour qu’il porte à sa ville de naissance y ont une grande importance. Fresque de Lyon, Paul Bocuse sur des murs à Paris, un gorille aux couleurs de l’ASVEL… il ne loupe aucune occasion de revendiquer haut et fort ses origines. Découvrez sans plus attendre l’interview de BUR.
Pouvez-vous nous dire comment est née votre passion pour le dessin et d’où vient votre pseudo BUR ?
BUR est en réalité le surnom qui me colle à la peau depuis mon enfance. D’où il vient ? On en sait trop rien… C’est mon frère Antoine qui a dû l’utiliser pour la première fois, il est resté, et surtout a été adopté par la totalité de mon entourage. On ne m’appelle que par BUR.
J’ai toujours dessiné. Cela m’a pris très jeune, dès la maternelle j’ai commencé à dessiner, à créer des sketchs où je représentais Astérix !
Je n’aimais pas recopier ou décalquer, mais j’imaginais des situations qui racontaient des histoires. Je me souviens, qu’à cet âge, la plupart des enfants dessinaient les personnages en bâtons, j’avais déjà compris que nous étions faits de muscles et d’os, alors mes dessins s’approchaient au plus près de l’anatomie de l’homme. Mes personnages couraient, tombaient tout en fléchissant coudes et genoux… ça surprenait plus d’une grande personne d’être aussi précis à cet âge-là.
Plus tard, en primaire, j’ai gagné quelques concours de dessins interscolaire. Mais cette passion, même si elle a toujours été présente, n’a jamais dicté mon quotidien. En effet, c’est le rugby qui a eu cette place prépondérante tout au long de mon enfance et de mon adolescence. Je pourrais vous parler de ce sport et de ses valeurs des heures, et ce n’est pas le but de cette interview, mais je peux simplement vous dire que ce sport m’a construit et m’a fait devenir l’homme que je suis devenu, avec les qualités et défauts qui me caractérisent.
Il y a de ça 3 ans, je me blesse gravement au genou, je reprends alors mes crayons, toiles, pinceaux de façon maladive. je me vide la tête, je m’exprime, non plus sur un terrain, mais devant un chevalet ! À ce moment-là, je me dis que : « je ne veux plus faire que ça ! » Le caractère que m’a forgé le rugby me sert aujourd’hui dans le monde dans lequel je baigne. Je fonce et j’apprends tous les jours dans cette aventure d’artiste-auteur. J’essaie d’être le plus simple possible, pouvoir répondre favorablement à tous, je me montre, me présente, échange. Mon relationnel ne serait pas le même sans le rugby, c’est une évidence.
Vos réalisations sont très colorées, détaillées, d’où viennent vos inspirations ?
C’est vrai que j’affectionne les œuvres colorées et détaillées ! J’aime capter, au premier abord, d’un visuel : l’esthétique du « produit » que je regarde ! Cela peut être une couverture de magazine, une affiche, une vitrine, un tableau, etc. Cette sensibilité du « bien fait » est le critère sur lequel je m’arrête de suite. Celui qui en règle général m’en met plein la vue !
Pour moi, les couleurs sont faites pour être utilisées, mélangées, et inventées. Les limites sont infinies ! Qu’on utilise l’acrylique ou l’aquarelle, l’amusement et l’éclate sont total !
Les coups de crayons maîtrisés tels que ceux des tatoueurs sont des inspirations quotidiennes à mon travail.
Mon art est figuratif, il est figé et présente une situation plus ou moins poétique avec une réalité plus ou moins présente. C’est un sketch que je crayonne en amont, et que je transfère en plus grande dimension pour créer une œuvre riche de détails et de couleurs. Je m’inspire donc de tout : de mon quotidien, de l’architecture, de la nature, de la société, de ma ville, etc. Pour aimer créer, il faut avant tout être curieux, et c’est un point qui me caractérise.
Vous êtes plus crayon ou bombe ?
De toute évidence : crayons et pinceaux ! Bien avant les bombes. Il est vrai que j’utilise ces trois outils… et aujourd’hui il est rare, de ne pas les retrouver dans les réalisations de mes œuvres. Mais le nerf de mon travail passe par la précision, et le souci des détails. Je suis bien plus à l’aise avec un pinceau et/ou un crayon à la main qu’avec une bombe. Même si petit à petit je me familiarise avec le spray, car pour mes fonds et aplats c’est pratique et rapide !
Street Artist ou Artiste tout court ?
Artiste tout court ! Le Street Art reste pour moi un fantasme. Je ne viens pas de la rue, je n’ai jamais tagué en vandale étant plus jeune… je me répète, mais ces années d’adolescent, je les passais beaucoup plus sur un terrain de rugby qu’ailleurs.
Cependant, aujourd’hui, le Street Art surfe sur une tendance qui le fait accepter de tous et par tous. Cet art s’est démocratisé, il est prisé et génère un marché de plus en plus lucratif.
Étant un « ovni » du monde artistique, je suis sur la scène depuis peu… ainsi, j’évolue dans une dimension très large de l’art. Ma culture des arts n’est pas la plus riche (même si je tends à m’améliorer), mais ma curiosité aiguisée me fait m’informer sur les artistes qui marchent bien aujourd’hui et que j’affectionne, je me rends compte que ces derniers ont tous, de près ou de loin, un pied dans l’univers du Street.
Le Street Art et ses acteurs sont de grosses influences à mon travail, c’est indéniable. Le fait de savoir qu’une œuvre d’un street artist dans la rue peut être recouverte du jour au lendemain, décuple le charme de cette discipline. Il faut se dire : « Pour la voir, je dois être présent à l’instant T, et pas demain ». C’est juste génial !
On retrouve vos œuvres sur des murs, des baskets, des scooters, des statues… aucun support ne vous résiste ?!
C’est un peu ma marque de fabrique, c’est vrai ! L’artiste Jakè, qui est devenu un copain, m’a fait la remarque il n’y a pas si longtemps en me disant : « Bur, comme moi, t’as cette capacité à créer sur des toiles, des murs, des supports 3d, et même réaliser des live painting devant un public ! ». Je lui ai répondu que c’était parce que je prenais beaucoup de plaisir à changer de support pour rompre avec la monotonie des projets.
Mon caractère de sportif me pousse à aller au-delà de ma zone de confort ! Accepter des travaux inédits révèle qui je suis… Un rugbyman qui a transféré tout ce qui le caractérise, son savoir-être, son intégrité, sa générosité dans une nouvelle passion pour en faire son métier ! Beaucoup l’aurait peut être pas tenté… mais on a qu’une vie, alors fonçons !
De quelle(s) réalisation(s) êtes-vous le plus fier ?
J’en ai 2 en tête :
La plus ancienne date d’il y a 1 an, où lors d’une expo éphémère de Street Art à Paris, j’ai peint Paul Bocuse avec un tattoo de Dark Vador sur l’épaule et une grosse bulle sortant de sa bouche où il était écrit « Je suis le Père ». J’avais décidé de peindre cette fresque dans une salle de bain et d’y créer une ambiance de cuisine, de rappeler quelle était la capitale de la gastronomie en France. J’étais même allé plus loin en recouvrant la baignoire de terreau pour planter des salades, carottes, radis, etc. C’était important pour moi, de présenter une œuvre « Made in Lyon » à Paris.
La seconde est assez récente, puisque c’est la statue du Lion (1m85) en expo à l’entrée de la Foire de Lyon. La société Infiny Toon (avec qui je collabore) m’avait prévenu quelques jours avant l’événement : « Bur, cette année c’est toi qui nous fais le lion au thème de la foire, Cuba ». J’ai sauté au plafond et me suis lancé corps et âme dans ce projet ! Le résultat a vraiment été au rendez-vous, peut être même dépassé les attentes de certains…
Fresque de Lyon, Paul Bocuse sur des murs à Paris, un gorille aux couleurs de l’ASVEL… c’est important pour vous de revendiquer vos origines Lyonnaises ?!
Je suis un véritable ambassadeur officieux de ma ville ! Très fier d’être né à la Croix-Rousse, et d’avoir grandi dans une ville qui a tout pour elle ! Épicurien que je suis, je ne peux rêver meilleure inspiration pour créer mes œuvres. Elle me donne tout.
La richesse et la culture de cette ville ne fait que se développer ! C’est extraordinaire ! Parfois, on me dit : « Bur, t’en fais trop avec Lyon, change de disque », mais je leur réponds : « que le disque n’est pas fini ! ».
Aussi, le sportif que je suis ne peut qu’être satisfait des saisons de nos rugbymen du Lou, de nos basketteurs de l’Asvel, et des footballeurs et footballeuses de l’OL ! Je rêverai de collaborer avec ces clubs pour de futurs projets… Je fais un appel du pied comme vous pouvez le voir (rires).
Vous créez, mais pas seulement, vous donnez aussi des cours. La transmission aux plus jeunes vous intéresse aussi ?
Oui et depuis peu ! J’en suis déjà à trois expériences avec les jeunes. Et c’est hyper enrichissant ! Mon activité, en premier lieu, est et doit être lucrative pour permettre de vivre… Alors vendre mes œuvres et mes services sont mon leitmotiv. Mais j’en oublie pas, quel jeune j’ai été, et à quel point j’aimais faire des activités créatives quand j’étais petit.
Plus que la finalité du produit que l’on rend avec des groupes d’enfants (toiles, fresques, etc.), c’est la démarche qu’il faut mettre en avant. Celle d’une collaboration avec un artiste et des jeunes curieux et volontaires. À ce moment-là, tu peux te rendre compte quel poids et satisfaction tu apportes à ces enfants… ils se sentent utiles dans une discipline qu’ils ne maîtrisent pas, du coup ils ne parlent que de ça, à l’école avec leurs camarades, chez eux dans leur famille…
La directrice de l’école La Berthaudière à Décines et le Centre social ont eu l’idée d’organiser une inauguration d’un préau réalisé sous 10 jours avec des élèves. Si vous saviez, le nombre de parents qui se sont déplacés pour cet évènement. C’était génial de voir à quel point on avait réussi à créer un tel engouement autour de ce projet.
Actuellement, je discute pour un projet perso et une mission sociale à Abidjan en Côte d’Ivoire pour le courant de l’année prochaine. Rien de fait et de signé, mais c’est dans les tuyaux. Depuis mes expériences avec les jeunes, je rêverais partir là bas et transmettre ma passion aux enfants de ce pays. À suivre…
Quels sont vos projets / envies pour l’avenir ?
À court terme, je pars pour Paris pour la deuxième édition de REHAB, organisé par mon ami artiste de talent Kesadi et le label Bitume, expo éphémère de Street Art, à laquelle j’avais déjà participé l’année dernière avec le fameux Bocuse dans la salle de bain. Cette année l’expo se déroulera du 16 Juin au 16 Juillet. Vernissage le Vendredi 16 Juin.
Je viens de signer une résidence d’exposition à la rentrée sur Septembre – Octobre dans une galerie du 2eme arrondissement. Autant vous dire que l’été sera chaud ! C’est stressant, mais tellement bon !
À long terme, j’aimerais me former à la pratique du tattoo ! En effet, cela fait des mois que cette discipline habite un coin de ma tête, elle ne me hante pas, mais elle est belle et bien présente. Toujours dans une logique de changer très souvent de support, l’idée même de transférer mes dessins sur la peau des gens m’anime énormément. Je ne veux en aucun cas faire du tatouage une activité prioritaire, mais simplement ajouter une corde de plus à mon arc…
Si vous souhaitez en savoir plus sur BUR et découvrir ses travaux, vous pouvez le retrouver sur son site internet ou le suivre sur Facebook.
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