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F&G, une école d’aviation créée par un couple Rhônalpin au Canada
C’est dans le Manitoba, une province de l’Ouest du Canada et plus précisément à Portage la Prairie que Fabienne Seva et Greg Royer, lyonnaise et grenoblois d’origine, ont ouvert en Septembre 2015 F&G une école d’aviation.
La région du Manitoba a une superficie neuf fois plus grande que la nouvelle région Auvergne Rhône-Alpes et quasiment six fois moins d’habitants. On comprend ainsi plus aisément pourquoi l’avion est un moyen de transport idéal et autant plébiscité, les distances à parcourir étant parfois très importantes.
Ils ont accepté de répondre à nos questions et de nous parler de leurs parcours et de ce qui les a motivés à ouvrir F&G une école d’aviation à quelques 7.000 km de leur région natale.
Les avions et vous, c’est une grande histoire… Mais quel a été le point de départ de votre passion ?
Originaire de Grenoble, Greg rêve de voler depuis sa plus tendre enfance. Cela a été un long parcours parsemé de hauts et de bas pour réussir à enfin vivre de sa passion. Après une dizaine d’années de vol en ULM dans les Alpes, c’est en 2008 qu’il décide de s’expatrier au Canada dans la province du Manitoba où la formation est moins coûteuse et le marché de l’emploi plus accessible qu’en Europe. Il devient pilote instructeur sur avion et travaille successivement dans plusieurs écoles du Manitoba avant d’être embauché par une école un peu spéciale qui a comme unique client l’Aviation Royale Canadienne. Depuis plus de 4 ans, son travail est de sélectionner et former les futurs pilotes de l’armée Canadienne. Pour l’instant c’est son travail à temps complet.
[Fabienne] Pour ma part, originaire de Lyon, c’est le hasard des rencontres qui m’a amenée à travailler dans le secteur de l’aviation. Une passion pour les voyages et en particulier pour les grands espaces Canadiens m’ont conduite au Manitoba en 2008 (Et oui ! Comme Greg !) où j’ai eu le coup de foudre pour l’aviation, probablement parce que les gens qui travaillent dans ce secteur sont très passionnés, ce qui est très inspirant au quotidien. Expérimentée dans l’informatique et la gestion, c’est au sol que je suis la plus utile, mais je ne rate jamais une occasion de faire un tour dans les airs pour prendre quelques clichés aériens.
C’est seulement en 2010, deux ans après notre arrivée au Manitoba que nous nous sommes rencontrés via nos blogs respectifs.
Après 2 ans de réflexion et d’élaboration du business plan, nous avons acheté notre premier avion et obtenu le certificat d’exploitation aérienne de Transport Canada qui permet d’ouvrir une école d’aviation. F&G Aviation est donc une start-up avec seulement quelques mois d’existence !
Êtes-vous les premiers Français à créer une école d’aviation dans la région ?
Probablement que nous sommes les premiers Français à créer une école d’aviation dans la province du Manitoba. Cette province peu connue en France compte un peu moins de 1,3 million d’habitants – une population comparable à celle du grand Lyon – sur une surface plus grande que celle de la France ! Néanmoins nous savons que des Français ont déjà créé des écoles de pilotage au Québec mais nous avons peu d’information à ce sujet.
Créer une entreprise en dehors de son pays d’origine n’a pas été trop compliqué ?
Tout le Canada est officiellement bilingue Français / Anglais. Ce qui signifie que l’ensemble des services gérés par le gouvernement fédéral est toujours proposé dans les deux langues, et ceci d’un océan à l’autre ! En pratique, nous avons le choix des langues pour la communication avec les services publics, réglementaires et fiscaux par exemple, et ceci à l’oral comme à l’écrit.
Ensuite, le Manitoba dispose d’une communauté francophone assez importante (4% de la population) et de nombreuses initiatives sont proposées par la province pour favoriser l’immigration francophone depuis quelques années : Site officiel de la communauté francophone du Manitoba, Accueil des immigrants, Centre culturel franco manitobain, pour le développement économique
Cette dernière organisation est un support très important pour les entrepreneurs. Conseils, formations, mentorat et couverture médiatique… le tout en Français !
Maintenant, ne nous voilons pas la face, l’ouest Canadien est principalement anglophone, il est donc indispensable que nous puissions communiquer et proposer nos services en Anglais. De plus, l’aviation est un domaine qui exige une pratique courante de l’anglais. Mais justement nous espérons attirer de nombreux Francophones qui souhaitent se former au métier de pilote, mais qui ont besoin de travailler leur anglais. Nous leur proposons une alternative aux écoles d’aviation québécoises : l’accueil et la formation sont proposés en Français mais l’immersion Anglophone est immédiate et totale.
Au final, créer une entreprise est relativement facile. Les démarches administratives, assez simples et bien expliquées, sont réduites au minimum. Après, tout dépend du secteur d’activité ! Les normes à respecter peuvent être assez exigeantes pour avoir le droit d’exercer l’activité souhaitée.
Et comme toute entreprise, les vraies difficultés commencent une fois la création finie, quand il faut passer à l’exploitation…
La différence comparée au climat tempéré de la région Rhône-Alpes n’a pas été trop dure à gérer ? -23° en hiver… vous tenez le choc !?!
Evidemment c’est dur. Dans le courant de l’hiver les températures peuvent même descendre à -30° et avec le facteur éolien, la température ressentie peut atteindre les -40°… Mais ces épisodes de très grand froid ne durent pas trop longtemps. Ces quelques jours là, tout s’arrête : plus de bus scolaire, routes fermées, activités réduites. On reste chez soi bien au chaud et on attend que ça passe !
Faut aimer l’hiver en effet, mais le pire finalement pour les montagnards dans l’âme que nous sommes, c’est l’absence totale de relief au cœur des Prairies Canadiennes. On a remplacé nos skis alpins par des skis de fond et des raquettes, mais c’est quand même frustrant d’avoir autant de belle neige poudreuse sans la moindre piste digne de ce nom à des milliers de kilomètres !
L’hiver est aussi l’occasion de pratiquer des activités dont on a peu l`habitude : motoneige, pêche sur glace, sculptures sur glace, construction d’igloo, patin à glace, parties de hockey sur le lac gelé, etc…
Températures extrêmes, vent, neige, dans quelle mesure cela influe-t-il sur le pilotage et l’apprentissage du vol?
Notre avion – un Cessna 172 – peut opérer sans problème jusqu’à -30° ! Nous disposons d’équipements spéciaux pour réchauffer le moteur avant de le démarrer : couverture de protection, chauffage électrique intégré dans le moteur, système de préchauffage…
Le froid en lui-même n’est pas gênant pour l’apprentissage du vol car l’air est plus dense, ce qui donne d’excellentes performances de vol et très peu de turbulence. Air calme, ciel limpide et belle luminosité sont au rendez-vous.
Pour l’instructeur et son élève, il y a un chauffage à bord de l’avion, mais il est recommandé de bien s’habiller et bien se chausser. Nous avons à bord un kit de survie « spécial hiver » si jamais nous devions atterrir d’urgence dans un endroit isolé.
Bien qu’il fasse très froid, nous bénéficions au Manitoba d’un temps très sec avec peu de précipitations et donc excellent ensoleillement : Winnipeg, la capitale du Manitoba, reçoit plus de 330 heures d’ensoleillement de plus que Toronto ou Montréal par année, et plus de 440 de plus que Vancouver.
C’est surtout au Printemps que c’est le plus délicat. Le changement de saison peut être long et très variable. Cette année, notre aérodrome en herbe n’a pas été exploitable pendant plusieurs semaines en raison de la fonte des neiges. Nous avons accès à un autre aérodrome mieux équipé, mais c’est forcément un peu plus contraignant pour notre activité.
Qu’est ce qui différencie F&G des autres écoles ? La « French touch » ?
Peut-être bien ! Ce qui nous importe, c’est de proposer un service d’une grande qualité à un prix juste. Nous n’avons pas les moyens pour l’instant d’acheter des équipements dernier cri alors on assume tout à fait le style vintage de notre avion ainsi que l’ambiance aéroclub qui règne sur notre aérodrome en herbe. Nous voulons une ambiance simple et décontractée mais qui n’enlève rien à la qualité de la formation. Pour nous, un aspect primordial de la formation reste la relation instructeur-élève. C’est la clé d’un apprentissage sérieux tout en se faisant plaisir!
Nous n’allons pas former des centaines d’élèves par an, alors la petite dizaine de pilotes qui obtiendront leurs licences chez nous seront soignés « aux petits oignons » ! Le prix sera conforme aux pratiques locales car nous ne voulons pas démarrer une activité en attaquant le marché avec une concurrence aux bas prix. D’abord ce serait risquer de compromettre la sécurité, et ensuite nous souhaitons rémunérer nos futurs employés correctement.
On aimerait orienter le développement de l’école vers des activités de niche, comme le pilotage d’hydravions ou d’avions à train classiques, pourquoi pas les avions vintages aussi…
Ce qui nous plait c’est l’esprit de pionniers… que ce soit les pionniers de l’aviation ou les pionniers français qui ont découvert ces terres.
Lorsque vous êtes de passage à Lyon / Grenoble, qu’êtes-vous heureux de retrouver ?
Nos proches, familles et amis évidemment ! Et un certain style de vie, une certaine culture : les bons petits repas, les terrasses des cafés et des restaurants, la beauté de l’architecture et la diversité des paysages. Bref tout ce que les touristes viennent chercher en France !
Malheureusement, quand on retourne au Canada, on est également content de laisser derrière nous certains aspects moins attrayants de la France comme le manque de politesse / respect, les incivilités, un sentiment de morosité ambiante relayé par les medias, etc…
Au final il y a du bon et du moins bon au Canada comme en France et on essaie de trouver notre équilibre en ne prenant que le bon, des deux côtés !
Que pouvons-nous souhaiter à F&G dans les mois à venir ?
On est rentré dans la phase de test en réel de notre projet. Dans quelques mois, nous serons en mesure de comparer la réalité avec notre business plan et éventuellement de revoir notre stratégie.
Nous souhaitons développer notre petite affaire tranquillement afin de vivre agréablement d’une activité qui nous plait. Trouver des financements pour la construction de notre hangar et de nouveaux bureaux. Agrandir la flotte d’avion et intégrer 2 ou 3 employés dans l’équipe. Elargir notre clientèle. Bref, les projets ne manquent pas ! La meilleure chose à nous souhaiter est donc un développement continu, en douceur.
Merci à tous les deux d’avoir répondu à nos questions !
Vous pouvez suivre la merveilleuse aventure Canadienne de Fabienne et Greg sur les réseaux sociaux Facebook – Youtube & Google Plus.
Pour avoir de plus amples informations sur les services qu’ils proposent, n’hésitez pas à vous rendre directement sur leur site internet « F&G Aviation » ou à prendre contact par mail contact[a]fngaviation.com