lire la suite
Émilie Ettori, jeune Lyonnaise architecte et sérigraphe
Fourvière, le Vieux-Lyon, la Guillotière… nombreux déjà sont les quartiers de Lyon à avoir été illustrés et magnifiés par Émilie Ettori. Cette jeune Lyonnaise, architecte, sérigraphe et artiste talentueuse, reproduit Lyon dans d’élégantes sérigraphies, crayonnés très travaillés mêlant gracieuse simplicité et impressionnant souci du détail.
Blog In Lyon est allé à sa rencontre pour découvrir son travail.
Diplômée de l’École Nationale d’Architecture de Lyon, comment la sérigraphie est-elle entrée dans votre vie ?
Après mon diplôme, j’ai travaillé pendant deux ans et demi dans une agence d’architecture. Malgré l’intérêt que je portais aux projets, je passais finalement le plus clair de mon temps sur un ordinateur, et étant quelqu’un de très manuel, c’était assez dur à vivre pour moi.
Je me suis acheté un kit de sérigraphie sur Internet, car j’avais entendu dire que le matériel nécessaire était relativement basique, et les possibilités multiples. L’idée de pouvoir fabriquer un objet de A à Z me plaisait beaucoup. Après quelques tests, j’ai eu l’idée de faire des tirages de mes dessins, avec l’envie secrète de les décliner sur différents supports et de pouvoir les vendre. C’est chose faite !
Votre formation d’architecte et vos sérigraphies sont très liées, l’architecture étant souvent à l’honneur. Comment vous est venue votre passion pour les bâtiments ?
Je ne sais pas si on peut dire que j’ai une passion pour les bâtiments en eux-mêmes, mais ce qui est certain, c’est que j’adore dessiner, et particulièrement l’architecture.
Depuis l’école d’archi, je m’attache à communiquer par le dessin manuel, qui a une vraie capacité à faire comprendre les idées de manière simple et immédiate. C’est ce qui me plaît dans ce métier d’architecte ; rendre compréhensibles des choses qui peuvent paraître complexes, pour permettre aux gens de se les approprier.
Nous sommes tous concernés par l’architecture, car c’est notre quotidien, notre maison, notre ville… mais elle apparaît comme inaccessible pour la plupart des personnes ! Je crois qu’il est important de vulgariser sa compréhension pour permettre à chacun de s’approprier son territoire. C’est un peu la démarche que j’ai avec mes dessins de quartiers ; au delà de l’aspect architectural ou historique, ils sont chargés d’affects qui me dépassent complètement : ils font appel aux souvenirs des personnes, rappellent des moments marquants, des ambiances familières, des histoires propres à chacun.
Il y a plusieurs procédés en sérigraphie, quel(s) est/sont le(s) vôtre(s) ?
Je fais tout à la maison et à la main. Je suis équipée de plusieurs écrans, que je prépare moi-même : j’enduis chaque écran d’un liquide photosensible, dans l’obscurité. Je décalque mes dessins sur une feuille transparente, que je pose sur mon écran sec. Là, j’expose très fortement mon écran à la lumière, dans mon cas avec deux spots de chantier ; le liquide s’active. Les parties cachées par l’encre ne vont pas réagir ; elles partiront à l’eau une fois l’écran lavé. Toutes les autres parties, exposées à la lumière, durcissent et forment une sorte de pochoir. J’obtiens le négatif de mon dessin, que je peux imprimer à l’aide d’encres et d’une raclette, sur n’importe quelle surface (papier , textile… )
Je tiens à réaliser, et donc comprendre et maîtriser, toutes les étapes du process. Je tâtonne pas mal, car cela ne fait que quelques mois que j’ai commencé, mais c’est ce qui fait ma fierté !
Schéma représentant les différentes étapes de création d’une sérigraphie
Chaque sérigraphie est un lieu existant, comment les choisissez-vous ?
J’essaye de choisir des quartiers emblématiques de Lyon : cette ville est très photogénique et pittoresque, chaque quartier a son identité propre et est facilement reconnaissable. Je prends beaucoup de plaisir à dessiner cette ville, parce que c’est là où je vis et ai grandi ; j’ai beaucoup de souvenirs dans chaque dessin. J’ai commencé par Lyon, mais je ne compte pas m’arrêter là, et j’espère bien dessiner des quartiers, ou des monuments, en France où dans d’autres pays.
Par ailleurs, je ne choisis pas toujours les quartiers que je dessine. Depuis quelques mois, j’ai lancé un système de commandes : on peut me demander de dessiner n’importe quelle ville, village, paysage… Avec mes clients, nous choisissons ensemble le cadrage précis, le format, le type de papier, la couleur, si il y en a… On peut pousser la personnalisation assez loin, en glissant des anecdotes personnelles dans le dessin, et ces demandes m’amusent toujours beaucoup !
De l’idée au produit fini, combien d’heures consacrez-vous à une création ?
Selon le niveau de détail, le dessin peut me prendre plusieurs jours de réalisation. La sérigraphie me demande généralement deux jours, car il faut compter les temps de séchage, de nettoyage… Comme je fais tout à la main, je dois m’adapter à ces temps de réalisation artisanaux.
Et en parallèle, vous êtes Architecte freelance. Est-ce que vos créations artistiques ont un impact sur votre travail et inversement ?
Je suis freelance en tant qu’architecte dans plusieurs agences lyonnaises. J’ai été amenée à faire des illustrations de projets, toujours à la main, pour des concours, et ça me plaît beaucoup. Concernant l’architecture d’intérieur, j’aimerais beaucoup pouvoir décliner mes dessins dans des produits de décoration à plus grande échelle : j’adorerais sérigraphier des rideaux, ou du papier peint !
Que peut-on vous souhaiter pour la suite Émilie Ettori ?
De continuer à rencontrer des personnes enthousiastes et inspirées, qui me permettent de vivre de ma passion.
Nous remercions Emilie d’avoir répondu à nos questions et nous lui souhaitons beaucoup de réussite dans ses projets.
Si vous souhaitez en savoir plus sur Émilie Ettori, découvrir son travail et ses nombreuses sérigraphies, vous pouvez visiter son site internet ou la suivre sur Facebook.