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Nicolas Salagnac, graveur médailleur et Meilleur Ouvrier de France
C’est dans son atelier de Villeurbanne, que Nicolas Salagnac nous a donné rendez-vous. Rouennais d’origine, c’est à Lyon qu’il pose ses valises dans les années 90, lieu où fut frappé la première médaille française en 1499 en l’honneur d’Anne de Bretagne pour son passage à Lyon avec Louis XII.
Nicolas Salagnac nous fait découvrir le métier de graveur médailleur, un savoir-faire lyonnais peu connu et qui malheureusement disparait peu à peu.
« Un jour, quand tu seras grand, tu iras à l’école Boulle… »
Petit-fils d’ébéniste, Nicolas Salagnac aime passer du temps dans l’atelier de son grand-père. « Un jour, quand tu seras grand, tu iras à l’école Boulle… » lui dit-il. À 16 ans, il intègre cette école, non pas en ébénisterie, mais en gravure.
De là, tout s’enchaîne, un professeur à l’écoute qui l’encourage et l’accompagne dans l’apprentissage de ce savoir-faire, beaucoup de travail, d’engagement personnel, d’esquisses réalisées et de bonnes rencontres…
Alors qu’il est responsable de l’atelier de gravure chez FIA, filiale de la Maison A. AUGIS à Lyon, il rencontre Claude Cardot, graveur médailleur Meilleur Ouvrier de France qui travaille en freelance, c’est le déclic. Il voit en lui un exemple et un modèle à suivre.
Les médailles « frappées », une technique méconnue
Nicolas Salagnac réalise des médailles d’exception avec une technique de fabrication méconnue : la médaille frappée.
Nous connaissons tous les médailles fondues ou coulées, quand la matière (bronze, or, argent, étain) est chauffée puis versée dans un moule. Nicolas Salagnac lui grave une « matrice » en acier et à la main.
À l’envers et en creux, aucun détail n’est négligé. « Je peux pousser le détail à son paroxysme comme créer du mouvement sur un drapeau. En frappe, tout ce qui va être sur la matrice sera visible ensuite, même la petite rayure » nous dit-il. Le geste est appliqué, méticuleux et exigeant.
Le processus de fabrication
Le processus de fabrication de la médaille frappée est long car Nicolas Salagnac créé tout de A à Z. Vous allez ainsi rapidement constater que Nicolas est un véritable couteau suisse !
Dans un premier temps, étape non négligeable, il échange beaucoup avec son client, afin de s’imprégner de l’univers et recueillir un maximum d’informations.
Ensuite il dessine la composition et la sculpte sur du plâtre (ou en plastiline, une espèce de pâte à modeler).
« Je réalise toujours une sculpture trois fois plus grande, ensuite c’est le tour à réduction qui va reproduire [par réduction] le modèle sur la matrice. Après je travaille à l’envers et en creux dans la matrice puis j’ai tout un travail de finition à la main »
L’œil sur le microscope, outils en mains, matrice en position, c’est à ce moment que les créations prennent vie. Le drapeau se met à flotter, le drapé de la robe est en mouvement, le visage est expressif…
Puis vient l’étape de la frappe. Le morceau de métal taillé, la future médaille, appelé ici « flan métallique », est déposé sur la matrice, matrice sur laquelle la gravure à l’envers et en creux a été réalisée. C’est une presse de 1 600 tonnes qui va venir frapper le flan métallique pour que le dessin taillé sur la matrice se reproduise. Pour une reproduction parfaite et en fonction de certains paramètres, la médaille sera frappée entre 10 et 15 fois ! Entre chaque frappe, le flan métallique est chauffé pour que le métal soit plus détendu, puis repositionné sur la matrice, puis refrappé…
Voici la force de ce savoir-faire d’exception : de la finesse, du détail, du mouvement et cela sur des matériaux en apparence dur, froid et cassant.
Le Concours Un des Meilleurs Ouvriers de France
En 1997, Nicolas Salagnac décide de se lancer dans l’aventure, pour présenter son savoir-faire et obtenir la reconnaissance de ses pairs. Ainsi, pendant trois ans, après sa journée de travail, les soirs et les week-ends, il va travailler à la réalisation de deux médailles pour le concours.
L’une est entièrement réalisée à la main, « en taille directe » sur l’acier d’après le dessin d’Elisabeth Louise VIGÉE LE BRUN.
L’autre est un sujet libre, sur le thème « d’un des Travaux d’Hercule ».
En novembre 2000, il reçoit le titre de Meilleur Ouvrier de France et c’est Jacques Chirac, chef de l’Etat en fonction, qui lui remettra sa médaille de MOF à l’Élysée.
Depuis ce jour, Nicolas Salagnac a reçu bon nombre de distinctions. Premier prix national de la SEMA en 2006, il est fait Chevalier dans l’ordre des Palmes académiques, pour services rendus à l’Éducation Nationale en 2010 et il y a quelques mois, il a reçu la médaille de l’Ordre National du Mérite.
Nicolas Salagnac – De la reconnaissance à la transmission
La Villa de Medicis, le Royaume du Maroc, le Sénat, Nicolas Sarkozy, le groupe Eiffage… les clients de Nicolas Salagnac sont prestigieux et son savoir-faire est aujourd’hui indiscutable. C’est pourquoi, il est pour lui essentiel de transmettre ce savoir qui disparait peu à peu, et c’est avec les élèves de CAP gravure en modelé du Lycée Ferdinand Fillod à Saint-Amour dans le Jura, qu’il fait « le trait d’union » comme il dit, avec la jeune génération.
« J’essaie de réunir des Meilleurs Ouvriers de France, des professionnels, des écoles de formation… C’est passionnant parce que ça me donne une autre casquette, un autre axe dans mon métier, une autre approche ».
Et cette transmission porte déjà ses fruits car certaines des médailles réalisées par ses élèves ont elles aussi été primées.
Merci à Nicolas Salagnac de nous avoir reçu dans son atelier et d’avoir pris le temps de nous parler de son travail, de sa passion afin de pouvoir à notre tour vous en parler.
Si vous souhaitez en savoir plus sur Nicolas Salagnac, vous pouvez le suivre sur Facebook >> Le compte Facebook de N.Salagnac. ou consulter son site internet >> site internet Nicolas Salagnac
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